lundi 31 août 2009

Daniel Mendelsohn: Les disparus

Je termine la lecture du livre de Daniel Mendelssohn : « Les disparus », paru dans sa traduction française en 2007 chez Flammarion Il faut prendre son temps pour le lire (646 p.) car c’est un libre d’une très grande densité avec des digressions longues et érudites sur des épisodes de la bible et la façon dont les juifs savants l’ont analysée. Mais l’essentiel n’est pas là. Les « disparus » que cherchent à faire revivre l’écrivain sont des membres de sa famille victimes de la Shoa en Ukraine. Le récit revient donc sur cette élimination des juifs en Ukraine par les allemands bien aidés, il faut le dire par les ukrainiens mais ce ne serait qu’un récit de plus si Daniel Mendelssohn ne nous racontait dans le moindre détail sa recherche des traces laissées par ses parents dans la mémoire de vieux survivants. L’auteur parcourt le monde pour retrouver ces survivants, en Israël, en Allemagne, à New-York, en Australie et il ne recueille que des bribes, des rien qui lui permettent d’imaginer la vie des ses parents et leurs morts atroces. Ce livre laisse un gout amer lorsque l’on se rend compte qu’assez vite l’homme ne laisse que fort peu de traces de son passage sur cette terre. J’ai eu ce même sentiment lorsque je me suis penché sur l’histoire de ma famille paternelle en Algérie et cela me renvoie aussi à la phrase de Marguerite Yourcenar dans son discours de réception à l’Académie Française : « Nul n’est assuré de siècles de gloire mais chacun est assuré de millénaire d’oubli »
Il ya dans ce livre de nombreux passages très émouvants, ceux où l’auteur, grâce à un minuscule détail, a le sentiment de faire revivre un instant ce passé mort. Il faudrait citer de nombreux passages. Je citerai celui où l’auteur rappelle ce vers de Virgile dans l’Enéide « sunt lacrimae rerum » : il y a des larmes d ans les choses. Dans l’Enéide la vue d’une fresque évoquant la guerre de Troie fait pleurer Ulysse : « Sunt lacrimae rerum ».Vraiment un très beau livre dont je conseille la lecture.

mardi 18 août 2009

Camus: cinquante et cent

Nous entrons dans une période où Albert Camus va être célébré. En 2010 ce sera le cinquantième anniversaire de sa mort et en 2013 le centenaire de sa naissance. Déjà des livres vont paraître et je signale cet article du Nouvel observateur qui analuse quleques livres récents qui réhabilitent " en vait-il vraiment besoin?" cet écrivain. L'un revient sur son rapport à l'Algérie et l'autre régle son compte à l'idée qu'il était selon le mot imbécile de Brochier " un écrivain pour classe terminale". Bonne lecture donc.

http://bibliobs.nouvelobs.com/20090818/14020/camus-le-retour-en-grace

mercredi 12 août 2009

Monsieur Besson n'a t il pas honte?

Voici une copie de la lettre ouverte de la Ligue des droits de l'Homme:


Enfants enfermés : lettre ouverte du président de la LDH au ministre de l’immigration
Monsieur le Ministre,
Au cours de ces mois dits de vacances, les services de police et administratifs n’ont pas respecté les conventions internationales en matière de droits spécifiques des enfants. Même si beaucoup de ces mesures ont été rapportées, certaines sur le fond, d’autres sur la forme, il n’empêche que des instances de police ont jugé qu’il convenait de mettre en rétention des familles entières. A Metz, à Toulouse, à Nice ou à Marseille, pour ce que nous connaissons actuellement, les réseaux militants et les sections de la LDH se sont mobilisés pour obtenir la mise en liberté de ces enfants et de leurs familles. La LDH se félicite des résultats positifs de ces actions et des décisions prises par la justice.
Mais, nous constatons que plusieurs cas restent à régler. Malgré les prescriptions de la convention des droits de l’Enfant, malgré les observations de plusieurs autorités internationales ou européennes et malgré les recommandations des différentes autorités administratives indépendantes françaises, les services de police continuent à agir de la même manière.
C’est donc en pleine connaissance de cause que ces mesures ont été prises. Elles sont la conséquence directe de la politique menée par le gouvernement.
Nous vous demandons de mettre fin à cette inversion du droit qui ignore la spécificité de l’enfance et met notre pays dans une situation inacceptable au regard de ses engagements internationaux. Le droit des mineurs à vivre en famille dans des conditions décentes et à recevoir une éducation prime toute autre considération. La LDH saisira, dès le mois de septembre, les instances européennes et internationales appropriées.
D’ores et déjà, nous vous demandons solennellement de mettre un terme à ces situations. Tous les enfants actuellement encore retenus avec leurs familles doivent être immédiatement libérés et leur accueil en France doit être assuré.
Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma haute considération.
Jean-Pierre Dubois, président de la LDH

samedi 8 août 2009

Camus à Tipasa

Je me contenterai,aujourd'hui, de renvoyer à de trés belles photos illustrant:"Noces à Tipasa" parues dans un blog que je suis réguliérement:"Mare Nostrum"

http://marenostrum.over-blog.net/

dimanche 2 août 2009

Pourquoi le Parti socialiste est-il en crise ?

La crise du parti socialiste, mais au-delà de la sociale démocratie est patente et il est inutile de revenir sur l’ensemble des signes de cette crise. Par contre il est nécessaire de se poser la question de savoir pourquoi l’on en est arrivé là. Certes les membres du parti portent une responsabilité mais les querelles entre les dirigeants ne sont en fait que la conséquence de la crise et pas la cause.
Ma thèse est que si les partis socialistes sont en crise c’est qu’en fait sur de nombreuses questions fondamentales de la société ils ont gagné la bataille contre la droite et que cette droite est venue sur leur terrain. Est-ce, pour autant la « fin de l’histoire » ? Bien sûr que non car il y aura toujours un combat entre les conservateurs et les progressistes et que la lutte pour le progrès social ne sera jamais fini. La difficulté est que la droite aussi, à sa manière veut le progrès et qu’il est difficile quelques fois de faire la différence.

Que la gauche ait gagnée le combat l’histoire et l’actualité le démontre.
Sans remonter trop loin, il suffit de rappeler que les combats pour la république et pour la laïcité ont été pendant longtemps un marqueur de l’opposition droite/gauche. N’oublions pas notre histoire et rappelons que la droite a longtemps été monarchiste et a combattu la laïcité. Les historiens pourront entrer dans le détail de cette lutte qui a été très dure. Ces combats sont maintenant derrière nous et la gauche a gagné ces deux combats fondamentaux. La droite est devenue républicaine et à quelques exceptions prés elle est laïque.
La gauche progressiste a également fait admettre à notre société le devoir de solidarité et la redistribution par l’impôt. Certes les choses sont loin d’être parfaites et des progrès peuvent et doivent être faits, mais c’est tout de même un grand succès d’avoir fait admettre le principe à la droite.
Sur le terrain des mœurs là encore, si l’on se tourne vers le passé on est obligé de constater que les combats de la gauche ont triomphés. Que l’on songe à l’évolution du droit des femmes, de la famille (divorce avortement, égalité des droits) il s’agit de combat portés par la gauche et la droite a toujours combattu ces évolutions. Elle a perdu ces combats.
Elle a perdu ces combats mais surtout elle a renoncé à les mener. Que l’on songe au cas emblématique du combat contre la peine de mort et plus récemment du combat pour le pacs. La droite, pour l’essentiel ne revient plus sur la suppression de la peine de mort ni sur le pacs qu’elle entend même améliorer.
Dés lors lorsque l’on dit que les partis socialistes sont affaiblis, cela est vrai mais néanmoins ils ont gagné de grands combats et c’est la droite qui les a perdus.
N’est-ce pas exactement ce qu’écrit Jean Daniel dans son blog du Nouvel Observateur :
« 3. Ce fond des choses, selon moi, c'est, qu'une grande partie du problème réside dans le fait que la droite elle-même a changé. Et qu'en fait, ce changement est plus important que les contradictions de la gauche. C'était l'avis de Raymond Aron. Depuis que la droite n'est plus arrimée à une nostalgie de l'Ancien Régime ; depuis que l'Eglise catholique de France a renoncé à toute autorité sur des conservateurs qui sont, entretemps, devenus libéraux ; depuis que le programme de la Résistance, avec à sa tête le général De Gaulle, a mis en pratique une vraie révolution avec la sécurité sociale et le vote des femmes ; depuis que l'adhésion à l'Europe a mis en sourdine le nationalisme chauvin consubstantiel à une mentalité de droite, oui, depuis tout cela, la droite a perdu son identité »

On ne peut que s’en réjouir mais, à partir de cette constatation, il est clair que le clivage droite/gauche (et je parle de la gauche réformiste) est difficile car il ne peut être que dans la nuance, dans le fait de faire encore progresser les mœurs et la solidarité, ce que la droite, venue sur les positions de la gauche prétendra vouloir également. Or les nuances n’ont jamais facilité le combat politique. C’est ce qui explique que des hommes de sensibilité de gauche aient pu se rapprocher de la droite et c’est ce qui explique aussi que certains membres du parti socialiste sont tentés par des positions extrêmes, dans le discours tout au moins, car c’est un moyen de rendre le clivage plus net. C’est une posture qui peut, par sa simplicité entraîner l’adhésion d’une partie des électeurs.
Le problème c’est que ces discours ne sont pas crédibles et sont contradictoires avec l’acceptation de l’économie de marché.
Ceux qui sont logiques avec eux-mêmes doivent aller vers une contestation du capitalisme et de l’économie de marché, mais ceux là, que proposent-ils à la place qui n’ait montré dans l’histoire au mieux son inefficacité économique au pire une terrible atteinte aux libertés ?
Il ne reste donc qu’une voie étroite aux réformistes mais cette voie existe. Elle consiste à présenter des projets clairs de progrès social dans le domaine de la solidarité, dans le domaine des mœurs et dans une analyse de l’évolution de nos sociétés face aux questions fondamentales pour l’avenir de la protection de la planète.
La difficulté c’est que dans ces nouveaux combats il n’y aura pas de conflit frontal avec la droite qui adhérera aux objectifs mais qui ne fera sans doute pas tout pour y parvenir. C’est donc sur les moyens qu’il pourra y avoir des différences. Il n’y aura rien là qui puisse enthousiasmer les foules, mais des différences existent, pour peu que la gauche réformiste fasse un certain nombre de changement dans ses réflexions. Voici dans une chronique du monde un exemple de ce qui pourrait changer.
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/07/17/le-malaise-social-democrate-entre-flux-financiers-et-flux-migratoires-mathieu-potte-bonneville-et-thomas-gerard_1219958_3232.html

Le paradoxe est donc que c’est parce qu’ils ont gagné les combats essentiels que les socialistes sont aujourd’hui en difficulté. Il faut se réjouir d’avoir gagné des combats et mettre en avant d’autres combats à gagner. Ils en restent de toute évidence. Puis-je donner quelques pistes de réflexion ?
-améliorer la démocratie en modifiant les institutions sur deux points au moins : permettre une représentation en partie proportionnelle et supprimer clairement le cumul des mandats.
-Faire enfin une reforme fiscale plus juste.
Voilà ce qu’écrit encore Jean Daniel pour lequel j’ai beaucoup d’admiration :

« Cette analyse me conduit à penser que la vie du Parti socialiste, si elle dépend de l'évolution des idées, n'est nullement menacée. Car toutes les idées que la droite trouve utile de dérober à la gauche, elle ne sait pas et ne peut pas les appliquer, au moins sur ce qui est devenu l'essentiel, du fait de son incapacité structurelle - sa dépendance à l'égard des grands groupes financiers - dès qu'il s'agit de maîtriser les dérives du capitalisme sauvage. Il n'est donc pas vrai que la gauche n'ait pas d'idées puisqu'on les lui prend. Mais il est vrai, en revanche, que si les socialistes le veulent, bien des textes de tous les courants prouvent qu'ils sont capables de rester fidèles à la mission héritée des grands partis ouvriers. Et qu'ils peuvent garder leur nom de socialistes. »

Il faut donc un leader qui puisse être clair sur le constat et qui puisse porter avec force des idées nouvelles que seul le Parti socialiste saura mettre en œuvre.

Lire le blog de Jean Daniel:
http://jean-daniel.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/07/29/ps-leve-toi-et-marche.html