dimanche 31 mars 2013

Lettre ouverte au Pr Mohamed Talbi


Cher Monsieur le Professeur Talbi,

J’ai lu avec attention et intérêt l’important ouvrage que vous avez consacré à la " Rénovation de la pensée musulmane " et que vous avez dédié à Benoit XVI.
Vous faites en commençant votre livre, un bel hommage à la liberté; hommage auquel je ne peux que souscrire entièrement et dont je me réjouis car, avec la sévérité dont vous faites preuve à l’égard des autres analystes de l’Islam, on sent que vous les enverriez bien aux gémonies !

Il me semble que vous êtes, en réalité, bien intolérant à l’égard d’intellectuel comme Mohamed Arkoun, pour ne prendre qu’un exemple, dont je crois pourtant qu’il fut un grand esprit et un parfait connaisseur de l’islam. Croyez-vous vraiment être le seul détenteur de la vérité ?

Mais passons ! J’ai une critique beaucoup plus fondamentale à faire à tout votre livre.
Vous écrivez notamment, et cela sous tend toute votre démonstration, que : "Le christianisme est une sensiblerie qui puise sa vérité théorique dans l’abondance des larmes…. Il n’a aucune base rationnelle."; alors que « la foi en l’islam serait rationalité ... »(p.12)
Que  beaucoup soit irrationnel dans le christianisme, je vous l’accorde bien volontiers; et il est, en effet, bien difficile à un esprit rationnel de croire en la trinité, en la résurrection de Jésus et en bien d’autres choses encore.
Mais croyez vous vraiment qu’un esprit rationnel puisse  croire sans sourciller à la descente du Coran, parole d’un Dieu incréé ? Croyez-vous vraiment que toutes vos analyses du "Wahy" (inspiration divine), de la communication surnaturelle et du rôle des anges (p.405 et s.) ne sont pas aussi irrationnels que  ce que vous imputez au christianisme ? Que la nuit di « miî’rage » ait pu avoir lieu, lors de laquelle le prophète Mohamed fut transporté nuitamment sur un cheval blanc ailé de la Mecque vers Jérusalem où son cœur fut ouvert pour en retirer toute noirceur ?? Et que dire des prêches larmoyants des ayatollah chez les chîites ???

Pour moi qui suis rationnel - et ici, beaucoup plus que vous -, je ne crois en aucune des ces religions. L’homme dans sa peur de la mort, dans son questionnement philosophique sur la finitude de la vie a inventé depuis l’origine, pas à pas, des formes de croyances aux dieux tout d’abord, puis à un Dieu  à qui il a prêté  un certain nombre de pensées qui ne sont, en réalité que des pensées humaines depuis l’Egypte antique passée des dieux  à un premier monothéisme avec Akhenaton.

Il faut aller plus loin. J’ai du mal à croire à un Dieu qui se préoccupe de donner des consignes alimentaires comme dans le Judaïsme et  dans le Coran; et surtout j’ai beaucoup de mal à croire à un Dieu qui a été obligé de s’y prendre à trois fois pour délivrer son message : aux juifs d’abord qui n’auraient pas été suffisamment respectueux, aux Chrétiens ensuite et enfin aux musulmans !
Quel est le bon message ? Dieu s’est-il trompé deux fois ? Pourquoi ne se serait-il pas encore tromper ? Pourquoi le Coran serait-il le dernier message ? Dieu est-il, à ce point, amateur, qu’il lui faille s’y prendre à plusieurs fois pour arriver à ce qu’il veut dire ?

Mais il y a plus préoccupant encore. Vous n’ignorez pas que la science indiscutable fait remonter l’homme à des millions d’années. Pourquoi Dieu a-t-il laissé cette humanité, qui a connu parfois pendant cette période des civilisations magnifiques abandonnée à elle-même et n’a-t-il délivré son message monothéiste qu’il y a quelque 5000 ans ? Tous ces hommes venus avant le monothéisme n’étaient-t-ils rien ? Dieu ne s’en préoccupait pas ? Difficile à croire de la part d’un créateur !
Et le prétendu "peuple élu" est totalement incompatible avec un Dieu créateur de l'humanité.

Par ailleurs ce message monothéiste n’a été adressé que dans un tout petit endroit du vaste monde, le moyen orient. Le reste de la planète n’intéressait pas Dieu ? Comment l’admettre ?
De vastes étendus du monde, un très grand nombre d’habitants de cette planète n’a pas eu accès au message. Est-ce crédible ? Comment admettre que seuls les destinataires des trois messages aient intéressés Dieu ?

Posez ces questions élémentaires permet de montrer l’absence de rationalité absolue de toutes les religions.

Ne trouvez-vous pas, vous qui vous voulez rationnel, étonnant que le message soit avec quelque variante à peu prés le même, reprenant des éléments de croyances anciennes, précédant les monothéismes et les recyclant en les modifiant ?

Tout cela ne signifie pas que l’on puisse s’interroger sur les mystères de la vie, mais ce ne sont pas, en tous cas, les religions qui sont la bonne réponse.
Dans ce domaine personne ne peut convaincre personne mais je voudrai cependant, vous qui êtes un intellectuel, vous renvoyer à la lecture d’un livre que vous connaissez peut être et qui est lumineux : " L’histoire des religions " de  Fréderic Lenoir.

Vous avez rédigé plus de 400 pages, j’ai écrit quelques lignes mais nous resterons, j’en suis sûr, chacun sur nos positions et c’est pourquoi je ne crois pas, en ce domaine, à l’efficacité de la raison.
La foi ne se commande pas et je reviens donc à votre éloge de la liberté mais il est cependant permis, ne pensez-vous pas, de demander aux croyants de réfléchir un peu.

Croyez, Monsieur le Professeur, en l’expression de mes sentiments respectueux.


Jean Pierre Ryf

Vacances romaines


Voilà un séjour de dix jours à Rome qui s’achève. Mon précédent séjour, il y a deux ans, avait été plus court et j’ai donc pu, cette fois profiter de la richesse de cette ville.
Le hasard a fait que le jour de notre arrivée à Rome corresponde à l’intronisation du nouveau pape François 1er, comme à Venise lors de mon séjour j’apprenais la mort de Jean Paul II par un concert de cloches, de toutes les cloches de Venise.

J’ai consacré chaque jour à un quartier que j’ai pu sillonner à pied et, ainsi bien le connaître.
En réalité j’ai revu bien des choses que j’avais déjà admiré il y a une dizaine d’années lors d’un séjour un peu prolongé.
Logé dans le cadre de mon échange, pas loin du quartier du Vatican, c’est par Saint Pierre, sa place et sa basilique que j’ai commencé, revoyant ainsi les sculptures, quelques unes admirables, de nombreux tombeaux des Papes et bien sûr la Piéta de Michel Ange. J’ai caressé le pied de Saint Pierre, bien usé à force !
Je n’ai, par contre, pas eu la patience de faire la queue pour visiter le Musée du Vatican. Je resterai sur mon souvenir d’il y a quelques années.

Autre jour : Plazza del Popolo et ses deux Eglises et montée en suivant la rampe vers le Pincio d’où l’on a une vue magnifique sur la ville et enfin déambulation dans le parc Borghèse jusqu’à la villa Borghèse, édifiée par le Cardinal Scipion Borghèse et ou habita la sœur de Napoléon, Pauline qui avait épousé un descendant de la grande famille. La villa est aujourd’hui un des plus beau musée de Rome. Déjeuner sur une agréable terrasse au pied de la Villa Médicis, descente  par les escaliers de la Place d’Espagne et retour, fourbu, pour un repos bien mérité.

Autre jour encore : le quartier de la Gare Termini, la Place de la Républica, la basilique papale Sainte Marie Majeure, superbe. Descente vers le Colisée par la Via Cavour et petit détour vers l’Eglise San Pietro In Vincoli à l’emplacement où Saint Pierre aurait été enchaîné (Un reste de chaîne se trouve dans une vitrine sous l’autel). Mais il y a, surtout, dans cette Eglise la magnifique statue de Moïse par Michel Ange.
Ensuite le Colisée et ses alentours, un des emblèmes de Rome, mais assez semblable à celui de Nîmes ou d’El Djem en Tunisie.
Métro ensuite en direction de Saint Paul hors les murs, très belle basilique papale (il y en a quatre : Saint Pierre, Sainte Marie Majeure, Saint Paul Hors les murs et Saint Jean de Latran).
Sur le chemin du retour petit arrêt, pour moi qui suis amateur de cimetière, au cimetière acatholico qui est réservé au non catholiques. L’endroit est un parc agréable, derrière la Pyramide Egyptienne (malheureusement en restauration) où reposent quelques étrangers célèbres dont les poètes Shelley et Keats et le fils illégitime de Goethe. Retour à la maison également fourbu.

Autre jour : après avoir été déposé en métro à la Plazza Barberini, visite à l’inévitable Fontaine de Trevi, toujours magnifique mais envahie de touristes !
De là direction Palais du Quirinal, résidence actuel du Président de la République et ensuite Plazza de Venise. En face de la Plazza de Venise se trouve un immense monument dédié à Victor Emmanuel II, premier roi d’Italie et que les romains appellent de manière irrévérencieuse « la machina » (Machine  à écrire) !
Je n’avais jamais jusqu’à ce jour visité ce monument et je pensais même qu’il ne se visitait pas. C’était ouvert et nous sommes entrés. Bien nous en a pris car il y a, au sommet, desservi par un ascenseur panoramique, une terrasse avec une vue extraordinaire sur toute la ville. Il faut absolument voir cela quand on est à Rome. Nous y avons passé une demi heure fort agréable à réviser notre connaissance de la ville. Il faut éviter de redescendre et choisir de passer directement de là à la magnifique Place du Capitole dessinée par Michel Ange et sur laquelle trône la statue équestre de Marc Aurèle.

Autre jour : pris le métro jusqu’à Saint Jean de Latran (St Giovanni in laterano) dernière des quatre basiliques papales. Nous avons donc, en principe, obtenu une indulgence plénière et cela ne peut pas faire de mal ! La basilique est également superbe avec son plafond à caissons , ses mosaïques dans l’abside et son  cloître ancien. C’est là que Sarkozy, en sa qualité de chanoine honoraire, a dit une de ses bêtises dont il a été familier selon laquelle le curé valait mieux que l’instituteur !
Direction ensuite : Plazza Spagna avec sa fontaine « La barciata » , la belle place Navona,  ses trois fontaines dont celle du centre consacrée aux quatre grands fleuves du monde : le Nil, le Gange, le rio de la Plata et le Danube et ses beaux Palais et Eglises tout autour.

Autre jour : visite du charmant quartier du Trastevere où nous avons fait, il y a trois ans un échange trop court : Santa Maria de Trastevere, la Place et partout de petits restaurants, des bars, des artisans. Le quartier est devenu le lieu des soirées entre amis.
Ensuite pris la direction du Janicule et par la navette (115) nous sommes allés jusqu’à la belle esplanade Garibaldi, avec en son milieu la statue équestre de Garibaldi et une belle vue sur la ville et ses monuments. A midi le canon est tiré de cet endroit dans un bruit assourdissant et une odeur de poudre !

Après un agréable déjeuner en terrasse, retour au Centre par le tramway 8.
Le soir dîner dans un petit restaurant avec les propriétaires de l’appartement dans une agréable ambiance malgré l’obstacle de la langue.

Dernier jour : Pluie sur Rome. Nous faisons cependant un dernier tour : fontaine de Trevi, le Panthéon, Campo di Fiori où nous déjeunons sur une terrasse au bord du marché qui se tient sur cette place tous les jours sous la statue de Giordano Bruno.
Après un regard sur le Palais Farnèse qui abrite l’Ambassade de France, retour à l’appartement pour préparer les bagages.

Agréable séjour. Nous reviendrons à Rome, d’ailleurs nous avons jeté une pièce dans la Fontaine de Trevi !