dimanche 23 juin 2013

Elisabeth de Fontenay: Le silence des bêtes

Le silence des bêtes, ce livre érudit d’Elisabeth de Fontenay, j’ai souhaité le lire après avoir lu « Mélodie : Histoire d’une passion » du romancier japonais Akira Mizoubayachi, récit qui a beaucoup de ressemblance avec ce que j’ai moi-même écrit de mes animaux de compagnie dans « Tombeau pour mes chiens ».

Le livre d’Elisabeth de Fontenay est une somme de tout ce que les philosophes, depuis la plus haute antiquité, ont écrit à propos des animaux et sur la façon dont ils devaient être traités par les hommes, plus de 1000 pages denses d’où l’on tire d’abord l’impression assez nette que les philosophes ont écrit beaucoup de bêtises et quelques fois des monstruosités dont on se demande comment elles ont pu leur venir à l’esprit et, toujours, sur fond de religion avec des thèses si imbéciles que l’on voit bien que ce n’est pas de provenance divine mais bien création de l’esprit, alors encore embrumé, de l’homme. 

J’y reviendrai mais l’auteur nous dit, à plusieurs endroits du livre, que ces thèses ne pouvaient évidement pas venir ni être comprises de ceux, paysans notamment, qui étaient en contact permanent avec les animaux et avec la nature et, qui eux, les connaissaient vraiment sans être philosophes !

La grande question qui a hanté les philosophes est celle du propre de l’homme. Qu’est-ce qui distingue finalement et de manière certaine l’homme de l’animal ? Et sous jacente à cette question, pour des raisons religieuses, celle de savoir si les animaux ont une âme !

Il est hors de porté de ce texte d’examiner en détail les réponses que les philosophes ont donné au cours du temps, la plupart voulant voir dans la parole articulée, dans l’imagination, dans la perfectibilité, le propre de l’homme mais ayant quelques difficultés avec certains malades mentaux, certains « enfants sauvages » ou même certaines peuplades.

Le fait de faire entrer tel ou tel être dans la catégorie « homme » étant importante pour des raisons, notamment religieuses : baptême ou pas, paradis ou pas, événement dont on est sûr évidement !

Ces théories ont eu, aussi, de l’influence sur la façon dont les sociétés se sont comportées avec les animaux et, disons le  nettement, de façon la plupart du temps scandaleusement cruelles.

Survint, notamment, la théorie inepte mais qui a fait des ravages : celle de Descartes et son animal « machine » qui ne connaît pas la souffrance et qui est comme une machine que l’on peut détruire sans qu’elle s’en rende compte. Elisabeth de Fontenay montre que sa théorie n’était pas aussi radicale qu’on l’a souvent dit, mais comment des gens doués d’une intelligence, même minimum, ont-ils pu croire ces balivernes.

Je ne résiste pas a faire ici un certain nombre de citations de philosophes qui ont contredit cette théorie.
Le curé Meslier écrira, en son temps et avec véhémence : « Dîtes un peu à des paysans que leurs bestiaux n’ont point de vie ni de sentiment, que leurs vaches et que leurs chevaux, que leurs brebis et moutons ne sont que des machines aveugles et insensibles au bien et au mal, et qu’ils ne marchent que par ressort, comme des machines et comme des marionnettes, sans voir et sans savoir où ils vont. Ils se moqueront certainement de vous. »

Voltaire s’indigne, lui aussi, et écrit :
« Des barbares saisissent ce chien, qui l’emporte prodigieusement sur l’homme en amitié; ils l’attachent sur une table et ils le dissèquent vivant pour te montrer les veines. Tu découvres dans lui tous les mêmes organes de sentiment qui sont en toi. Réponds moi, machiniste, la nature a-t-elle arrangé tous les ressorts du sentiment de cet animal afin qu’il ne souffre pas ? A-t-il des nerfs pour être impassible »

Je conclurai après avoir lu tant d’absurdités, que l’affaire est entendue et que, notamment, les religions monothéistes qui ont mis l’homme au centre de la création et la dominant, ont eu tort. 
L’animal a autant de dignité que l’homme et que, si l’on croit en un Dieu tout puissant créateur et juste, il n’a pas voulu la souffrance animale; ou alors il est un pervers. 
La seule façon de se comporter avec ces êtres différents mais égaux avec l’homme en dignité est de les traiter dignement en ne les  faisant pas souffrir injustement. 
Qu’il y ait beaucoup à faire, c’est évident et, parfois, décourageant.

Après avoir lu cette somme érudite, il faut relire Marguerite Yourcenar qui, dans son style magnifique, a dit l’essentiel de ce qu’il y avait à dire



lundi 17 juin 2013

Venise: De nouveau

Nous voilà donc, de nouveau à Venise pour un mois. Toujours à la Giudecca dans un ancien Palais vénitien situé tout prés de la station de vaporetto : "Palenca". 
L'appartement est grand, au deuxième étage avec un salon-salle à manger et deux grandes chambres. Nous donnons sur l'arrière du quai sur les toits et les cours de petits immeubles.


Nous prenons nos marques sans difficultés puisque nous connaissons bien maintenant ce quartier de Venise que nous apprécions particulièrement car il y a là de véritables vénitiens et que nous sommes loin de l'agitation touristique.
Le quai est agréable avec ses nombreux restaurants mais aussi ses petits commerces où nous faisons nos courses.






Cela fait la quatrième année que nous revenons ici et nous saluons des gens que nous connaissons au moins de vue.
Comme à chaque voyage je compléterai ce texte au fur et à mesure et j'y mettrai quelques photos.

Ce matin (18 Juin), café sur le Campo San Stefano de l'autre côté du pont de l'Academia et visite sur ce même campo du pavillon de l'Azerbaïdjan à la biennale des arts, installé dans un palais de la place.
A l'entrée un salon reconstitué entièrement en tapis du pays. De très belles couleurs. A l'intérieur des œuvres diverses dont une qui m'a frappé : l'ensemble des signes des diverses doctrines et idéologies,  croix gammée, croissant de l'Islam, croix, faucille et marteau du communisme, étoile de David ... toutes installées comme des châteaux de sable sur  du sable ! Bien vu.


Après cela retour à la Giudecca mais en faisant un grand tour par le Grand Canal.

19 Juin. Ce matin vaporetto jusqu’à la place Saint Marc puis direction Giardini en passant le plus possible par les ruelles ombreuses car il fait très chaud. Café late sur une terrasse d'une guinguette prés de Giardini et visite du pavillon portugais à la Biennale. Ce pavillon est en réalité un bateau dont la coque extérieure a été garnie, tout le tour, d'une série d'azulejos bleus, spécialité du Portugal.
Sur le bateau on descend d'abord dans une cale toute sombre dans laquelle on voit tout à coup une dizaine de poissons divers faits d'une sorte de tricot et ornés de petites lumières !
On remonte et, grand plaisir pour moi, sur le pont on joue en permanence du fado et surtout des airs d'Amalia Rodriguez. Retour en vaporetto jusqu’à Palenca.




Comme il fait très chaud, l’après midi nous emmenons Randy sur les quais prés du Molino Sucky (Grand Hotel Hilton réalisé dans une ancienne minoterie industrielle qui avait brûlé.) et là, assis sur un banc nous profitons de l'air du Canal en regardant passer les bateaux !

21 Juin. Ce matin nous n'avons pas quitté la Giudecca et  nous en avons profité pour voir une exposition de peinture dans une nouvelle Galerie située sur une petite place. L'exposition concernait les œuvres de Charlotta Janssen. Le thème m'a intéressé puisqu'il s'agissait de portraits de noirs américains poursuivis par la répression de leur pays dans les années 50: Luther King, Rosa Park et d'autres moins connus.
Hier soir assisté a Madame Butterfly à la La Fenice. Agréable spectacle dans un cadre somptueux et avec un décor de scène minimaliste adapté à la culture japonaise. Pour moi qui ne suis pas un spécialiste les  voix étaient magnifiques mais il m'a semblé que les italiens qui partageaient notre loge était d'une enthousiasme mesuré! Voilà , en tous cas , quelques photos de ce beau moment.





22 Juin. Ce samedi les institutions culturelles ouvraient leurs portes et on pouvait visiter et entendre de la musique ou voir des expositions. Nous avons donc visité l'Université Ca'Foscari où il y avait une exposition d'art contemporain, puis nous avons assisté a des aubades données par des musiciens sur des barques vers  le campo an Barnaba et enfin nous avons visité le très beau Palazetto Bru-Zane que nous connaissions pour avoir assisté l'an dernier a un concert (voir entrée du Blog:Palais Bru-Zane). Et avant de rependre le vaporetto pour rentrer a la Giudecca petit concert de Jazz juste au départ du Vapeoretto.




24 Juin. Nous avons dîné de manière très agréable dans un petit restaurant que je recommanderai à mes lecteurs qui iront a Venise. Il s'agit de la Cantina Storico qui se trouve en bordure d'un petit canal dans le quartier de l'Academia, tout prés du Musée Peggy Gougenheim.
Ce matin 25 Juin, pris le vaporetto qui nous a déposé  4 stations plus loin prés de la Place saint Marc. De là promenade a travers les ruelles jusqu’à Giardini, café latte et retour depuis San Elena jusqu’à Zattere et Palenca. Vue  magnifique sur la lagune, le Lido, San Giorgio Maggiore, la Salute et la Giudecca.On s'en lasse pas!
26 Juin. Visite du Palais des Doges mais dans le cadre des "itinéraires secrets". On ne voit pas les grandes salles d'apparat que nous connaissons mais les locaux arrière, plus petits, moins décorés qui étaient ceux des services,notamment policier et judiciaire de la Sérénissime.La guide nous a ainsi appris comment cette "République de Venise" et ses Doges se protégeaient contre la violation de ses secrets,notamment commerciaux. C'était une justice ferme et, disons le , assez expéditive, alimentée par des dénonciations anonymes. Il y avait, pour cela , des fentes dans les murs destinées a recevoir les dénonciations.


Après avoir été ainsi jugé les délinquants étaient enfermés dans les fameux"plomb" dans des cellules exiguës et sombres sous les toits où l'on gèle en Hiver et où règne l'été une chaleur affreuse!
Nous avons eu droit aux détails, sur place, de l'évasion rocambolesque de Casanova qui, ayant fui et après avoir été gracié, est devenu lui-même un espion de la Sérénissime! Désormais quand nous admirons la finesse de l'architecture extérieure du Palais des Doges nous reverrons les "arrières boutiques".



En général, le matin, nous partons visiter un quartier, prendre notre cappuccino tranquillement et nous rentrons ensuite déjeuner. Aujourd'hui 1 juillet nous étions du côté de San Angelo.En fin d’après midi c'est souvent le sacro-saint Spritz



Manoune et Claude ont découvert un bouquiniste qui tient une véritable caverne d'Ali Baba très pittoresque située dans le quartier Castello et que je vais m'empresser d'aller voir. Ils y ont découvert, dans un invraisemblable entassement de livres un petit opuscule original publié par un universitaire japonais,Takashi Ogawa, qui a séjourné à Venise et constitué de ponts de Venise à l'aquarelle.
4 Juillet ma visite au cimetière San Michelle, créé par Napoléon  qui ne voulait plus d'enterrement a Venise même.Deux photos: en partance pour San Michelle et devant la tombe de Serge de Diaghilev.


Et , comme presque tout les après midi repos sur les quais près du Molino Sucky avec Randy a voir passer les bateaux, petits e grands dans le canal de la Giudecca.


Dernier jour a Venise. Demain nous reprenons l'avion pour Toulouse. Nous en profitons pour visiter le quartier de Santa Maria Formosa et le Palais Grimani .
Séjour agréable dans une ville que nous connaissons bien maintenant mais dont nous ne lassons pas.
A bientôt donc.

dimanche 16 juin 2013

Josette Groslière: "Un amour trop court."

Je savais que Josette Groslière avait le don de raconter. Les quelques conférences auxquelles j’avais assistées, m’avaient permis de constater, à quel point elle savait rendre vivante l’histoire ancienne. 
J’ai donc lu son livre « Un amour trop court » avec une grande curiosité.
Allait-elle savoir intéresser par l’écriture autant qu’elle savait le faire par la parole; alors surtout qu’elle quittait le domaine de l’histoire avec un grand H pour aborder l’intime, sa propre vie, sa propre enfance, ce qui peut, admettons le, être d’un intérêt plus limité ?!
Tout le monde n’est pas André Gide écrivant « Si le grain ne meurt », Sartre évoquant son enfance dans « Les mots »,  Pagnol se souvenant de « La gloire de mon père » ou encore Marguerite Yourcenar se plongeant dans l’histoire de sa famille et évoquant les « Souvenirs pieux » !

Eh bien, Josette Groslière a réussi à nous intéresser et à faire de cette évocation de l’enfance un livre d’apprentissage, un récit de formation et elle a réussi, ce qui sera probablement le grand bénéfice qu’elle tirera de ce livre, à sonder, loin, sa personnalité.
Ce récit m’a, au demeurant, confirmé dans l’idée que nous sommes peu maîtres de nos destinées et que nous sommes façonnés par les événements de notre vie sur lesquels nous avons, en général, si peu de prise.

Sans l’accident initial et, d’une certaine façon fondateur, il est vrai que le caractère de Josette Groslière n’eut pas été le même et que, dès lors, sa vie elle-même aurait, sans doute, connu un cours différent.

Il y a dans ce livre un bel hommage à ce grand père aimé et qui eut un rôle si déterminant pour elle en la faisant accéder à la lecture (Quel plus bel hommage peut on rendre à ceux qui font découvrir aux enfants les joies de la lecture ?) et la reconnaissance du style différent des auteurs.
Mais cet amour pour son grand père à côté de son rôle positif, essentiel même, est, aussi, à l’origine de cet handicap affectif dont Josette Groslière nous fait l’aveu.

Il y a, aussi, des passages drôles, celui notamment de cette apprentissage de la religion, des termes  assez incompréhensibles de la théologie; et enfin, celui de la description de cette communion célébrée pour Josette seule !

Le récit se lit bien et on retrouve, pour qui la connaît, sa façon de s’exprimer avec, souvent cette humour quelque fois un peu « piquant ».

Au total un livre agréable qui permet de mieux connaître Josette Groslière mais pour lequel elle a pris un incontestable risque. 
Désormais ceux qui auront à redire de son caractère vont nécessairement ajouter : « Pas étonnant puisqu’elle est tombée dans la bassine ! » Elle a, cependant bien fait de prendre ce risque puisqu’elle nous donne un livre agréable.



dimanche 2 juin 2013

Séjour a Bordeaux

Court séjour a Bordeaux pour assister a une conférence débat sur l'affaire de la Manouba (Faculté de lettres  à Tunis par le Doyen de cette faculté qui a ^lutter  contre des islamistes qui voulaient imposer le voile intégrale, des salles de prière et la fin de la mixité.Il a expliqué comment il avait mené cette lutte si nécessaire., en se refusant a politiser davantage et en se plaçant seulement sur la défense des libertés académiques et sur la nécessité du dialogue ,donc du regard, dans la pédagogie. Avoir a lutter contre de telles évidences montre le désordre qui règne , en ce moment, hélas, en Tunisie!
J'en ai profité pour revoir cette ville de Bordeaux devenue magnifique avec le lien qu'elle a désormais renoué avec son fleuve. Voici donc quelques photos de ce court séjour.