mardi 22 octobre 2013

Femmes et révolution en Tunisie

Janine Gdalia vient de publier aux éditions « Chèvrefeuille étoilée » : « Femmes et révolution en Tunisie ». Ce livre est constitué par une série d’entretiens d’une part avec des femmes qui se sont illustrées avant et pendant la révolution et d’autre part par une réunion-débat avec des femmes de tous milieux.
La première partie est l’occasion de mieux connaître les parcours de ces femmes  qui ont lutté contre la dictature de Ben Ali et qui continuent, aujourd’hui, de mener un combat pour la liberté.
La première partie concerne : Azza Filali, Radhia Nasraoui, Nadia El Fani, Khadidja Chérif, Marianne Catzaras, Meriem Bouderbala, Lamia ben Messaoud, Meriem Zeghidi et Hejer Bourguiba. J’ai particulièrement apprécié les entretiens concernant Radhia Nasraoui dont on connaît le combat, le courage et tout ce qu’elle a eu a subir et ce n’est, malheureusement pas fini.
Mention spéciale aussi pour le combat  de la cinéaste Nadia El Fani, bête noire des salafistes obscurantistes.
Ce livre n’évoque qu’une toute petite partie des femmes tunisiennes en lutte pour leur liberté ( j'en connais beaucoup d'autre a travers les réseaux sociaux) mais il donne une image assez claire de l’état d’esprit de beaucoup et nous montre que les femmes tunisiennes ne sont pas prêtes a baisser les bras et a renoncer a leurs acquis. C’est réconfortant mais cela ne m’a pas étonné car je suis attentivement cette révolution sur les réseaux sociaux et j’avais, moi-même constaté, que le combat pour une réelle démocratie, pour les libertés et pour les droits de l’homme est mené en premier lieu par les femmes.

Ce livre qui constitue, d’une certaine façon, un hommage a donc toute sa raison d’être et, après comme avant d’avoir lu ce livre je suis convaincu que ce sont les femmes qui seront le principal moteur de la victoire de la liberté.

samedi 19 octobre 2013

Hommage au Docteur Yersin

Je termine le roman de Patrick Deville : « Peste et Cholera » qui est la biographie romancée du Docteur  Alexandre Yersin inventeur du bacille de la peste et des moyens de la soigner. Je dois avouer que j’ignorai jusqu’au nom de ce savant et j’ai pris un grand plaisir à lire ce roman, très prés de la réalité puisque rédigé, en grande partie, à partir des lettres adressées par Yersin a sa mère d’abord puis a sa sœur. Le roman tire évidement son intérêt de la vie extraordinaire menée par cet homme qui ne s’est pas contenté d’être un grand savant  aux découvertes capitales et  foudroyantes, mais qui a été aussi  explorateur en Indochine, un agronome, un amateur éclairé de mécanique. A lire cette vie on est admiratif devant cette curiosité extrême et de cette aptitude à ignorer le superficiel pour se consacrer a l’essentiel.  Alors qu’en raison de ses découvertes avec l’équipe de Pasteur il aurait pu accéder aux honneurs et à la vie parisienne, il fuit ce monde pour vivre dans son refuge indochinois ou il développe un grand domaine et se passionne pour la culture du caoutchouc dont il a vu l’importance pour les pneus.  Il est encore, aujourd'hui, très connu et respecté au Vietnam ou  il est enterré. Il donne l’impression d’avoir fait ses découvertes capitales sur la peste et le choléra comme en passant en dilettante, agaçant, par son désir d'être ailleurs, les successeurs de Pasteur Calmette et Roux.
Ce savant originaire du canton de Vaud se doutait qu’il serait beaucoup moins connu que son maître Pasteur mais le roman de Patrick Deville répare une forme d’injustice et voilà que, grâce, à la littérature le nom de Yersin ne sera plus connu par les seuls médecins mais par de nombreux lecteurs.

On pourrait penser que le roman est rébarbatif puisqu’il aborde des questions scientifiques. Il n’en est rien. C’est au contraire, même pour ceux qui n’ont pas de culture scientifique, captivant et l’auteur a reçu a nous rendre vivant et attachant ce grand savant si modeste rendre vivant et attachant ce grands savant si modeste.

lundi 14 octobre 2013

Salim Bachi :Le dernier été d'un jeune homme

Salim Bachi vient de publier chez Flammarion: Le dernier été d'un jeune homme , roman dans lequel il nous fait revivre la vie d'Albert Camus. Il fait parler Camus  et le fait vivre. Je dois dire que si le livre se lit agréablement,il m'a tout de même déçu car il ne s'agit ni plus ni moins d'une biographie de Camus et le fait de la romancer( si peu) rend la lecture de cette vie aisée mais n'apporte rien lorsqu'on a lu les grandes biographies consacrées a l'auteur dont celle d'Olivier Todd. Il est incontestable que Salim Bachi connaît bien l'oeuvre et la vie de Camus et l'on retrouve ça et là dans son roman des phrases tirées de l'oeuvre de Camus. Son pari est donc intéressant et sans doute peut il amener des lecteurs qui ne connaissent pas Camus a entrer dans son oeuvre.Pour ceux qui ont lu camus et surtout pour ceux qui ont déjà lu des biographies le roman les décevra un peu.

samedi 12 octobre 2013

Le peintre orientaliste Fritz Muller

Lors d'un dernier séjour a Agen dans ma famille j'ai appris que la famille était apparenté à Fritz Muller un peintre orientaliste et dans le salon de ma tante j'ai pu admirer quelques unes de ses œuvres. cela m'a évidement donné l'envie d'en savoir un peu plus sur cet artiste. Il  a fait un portrait remarquable qui est semble t il son chef d'oeuvre du peintre   Alfred Chataud et il est encore quelques fois dans des ventes publiques , a une assez faible cote il est vrai. On pourra voir les numéros 45 et 46 d'une vente du 15 juin2011
Il figure dans le beau livre de Marion Vidal-Bué : Alger et ses peintres. 1830-1960. Il est né à Blida en 1867 et est mort a Alger en 1926. Membre fondateur de la Société des Artistes algériens et orientalistes, il participe à la décoration du pavillon de l'Algérie lors de l'exposition coloniale de 1900.
La direction du musée municipal d'Alger lui est confiée en 1909 et il assume ce poste jusqu'à sa mort. Il dresse le catalogue des collections en 1911. Il y a deux de ses œuvres au musée d'Alger:Portrait d'Alfred Chataud et portrait de la mère de l'artiste.

vendredi 11 octobre 2013

Henri Guaino: "Camus au Panthéon"

Henri Guaino vient de publier Chez Plon : « Camus au Panthéon : Discours imaginaire ». Bêtement, je ne voulais pas acheter ni lire ce livre car je n’aime pas du tout  l’auteur. J’avais tort. C’est un bon livre et l’on sent qu’il y a chez Guaino un amour sincère et une réelle connaissance de l’œuvre de Camus avec lequel il  trouve des concordances dans leurs vies. Le livre se compose de deux parties : un prélude à l’éloge funèbre qui est un passage en revue de la vie et de l’œuvre et cette partie n’apporte rien de très original. Mais tant de choses ont déjà été écrites sur camus !
Par contre, moi qui suis amateur de discours et notamment d’éloge funèbre (J’aime beaucoup le discours de Malraux pour Jean Moulin) j’ai  apprécié ce « faux discours »  émouvant et bien construit.
Enfin il y a les deux dernières pages, l’épilogue, dans lesquelles Guaino analyse la décision des enfants de Camus, Catherine et Jean,  de refuser le transfert au Panthéon et l’on sent que l’auteur qui était pourtant partisan de ce transfert, respecte vraiment et sincèrement la volonté des enfants. Il a raison.
« Il restera dormir sous la lavande et le ciel clair du Lubéron dans la terre charnelle qu’il avait élue pour lui servir de refuge et qui l’avait recueilli.
Fallait-il arracher Camus à cette terre offerte à la lumière pour l’enfermer dans ce mausolée ?

Fallait-il emprisonner cet esprit libre qui aimait tant la vie et le soleil, dans ce grand tombeau de pierre où la lumière du jour ne pénètre jamais, ni les mille et une odeurs, les mille et un bruits de la nature, les mille et une pulsations que la vie communique à la terre ? »

jeudi 10 octobre 2013

Ils aiment Camus.

J'ai vu hier soir, avec grand plaisir, un documentaire original sur Albert Camus. Les auteurs ont interrogé de nombreuses personnes dans le monde qui nous disaient leur amour pour Albert Camus, les conditions dans lesquelles ils l'avaient découvert et comment cet écrivain avait changé leur vision de la vie et du monde. Il y avait beaucoup de jeunes et cela devenait le plus bel hommage qui ait été rendu a Camus.
Beaucoup de ces personnes étaient très émouvantes car elles avaient rencontré Camus ,souvent, dans un moment difficile de leur vie et elles nous disaient , avec des mots simples, comment la lecture de l'Etranger, du Mythe de Sisyphe ou de la chute avait transformé leur façon de vivre et d'être.
Quelques uns m'ont particulièrement ému: ce jeune algérien, victime d'une peine de coeur, au bord du suicide et qui lit Camus. Un autre jeune algérien qui connaît les difficultés de la jeunesse en Algérie et que camus aide a vivre. Et puis ce jeune homme noir qui connait si bien Camus, qui vit presque en permanence et, surtout quand ça val mal, avec Camus et qui veut le faire connaître et aimer a sa femme. Enfin ce professeur de littérature française au Japon qui  vit depuis vingt ans avec Camus et le fait aimer a ses étudiants.Mais aussi cet allemand qui travaillait dans l'humanitaire et pour qui La peste était un bréviaire au point qu'il le donnait a tous les candidats bénévoles!
Pour qui aime Camus ce reportage est rafraîchissant, émouvant et constitue le plus bel hommage en ce moment du centenaire de sa naissance. L'on se dit qu'il aurait beaucoup aimé entendre, notamment, ces deux jeunes algériens parler avec tant de clarté, tant d'enthousiasme et tant d'émotion de son oeuvre lui qui a tellement souffert à cause de la guerre d'Algérie.