vendredi 24 mars 2017

Requiem pour les bêtes meurtries

Pour mon anniversaire ma soeur m'a offert deux beaux livres. Ceux de la poésie vécue d'Ernest Pignon-Ernest et André Velter paru chez Actes Sud dont je parlerai plus tard et Requiem pour les bêtes meurtries de Françoise Armengaud paru aux Editions Kime en 2015. C'est de ce dernier dont je voudrai parler après en avoir dit quelques mots dans une vidéo
Il s'agit d'un essai  comme le souligne le sous titre : essai sur la poésie animalière engagée" et il mêle le texte de l'auteur et des citations plus ou moins longue de poésies consacrées aux animaux mais surtout à leur souffrance au cours des temps. C'est donc un livre assez dur car cette évocation des brutalités infligés par l'homme aux animaux depuis les sacrifices  jusqu'aux abattoirs en passant par la chasse et la corrida ne laisse pas indifférent et montre combien les poètes grâce à leur imagination et à leur sensibilité ont su éprouver et nous faire éprouver de la compassion à l'égard de tous les animaux.
J'ai été touché par la phrase que l'auteur a mis en exergue:

"Je dédie ce recueil à tous les animaux
péris sous la botte de l'humaine brutalité
et dont on voudrait qu'il sachent un jour
que des poètes les ont aimés"
C'est un livre qu évoque ,je l'ai dit , toutes les sortes de souffrance depuis la destruction des forêts et donc de l'habitat de bien des bêtes.

Il y a bien sûr à ce titre le poème bien connu de Ronsard

"Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras,
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la rude écorce?"

La chasse ce loisir sanglant et sordide est évidement évoquée et déjà par Shakespeare

"Et en ce lieu gisait, blessé par un chasseur,
Un pauvre cerf enfui venu agoniser. Et vraiment mon Seigneur,
Le malheureux poussait de tels gémissements
Que sa robe de cuir se distendait à presque éclater
Et de grosses larmes rondes coulaient l'une après l'autre
En un flot pitoyable le long de son innocent museau."

Et le grand Victor Hugo, grand par la compassion qu'il a eu toute sa vie pour les êtres frappés par le malheur évoque, pour nous, la mort d'un pauvre cheval harassé et frappé parce qu’il n'a plus la force de tirer son chariot!

"Et le cheval tremblant, hagard, estropié
Baisse son cou lugubre et sa tête égarée;
On entend, sous les coups de la botte ferrée
Sonner le ventre nu du pauvre être muet!
Il râle; tout à l'heure encore il remuait
Mais il ne bouge plus, et sa force est finie;
Et les coups furieux pleuvent; son agonie
Tente un dernier effort; son pied fait un écart,
Il tombe, et le voilà brisé sous le brancard"

Et elle cite bien sûr le très beau poème de Victor Hugo :"Le crapaud" ou cet être très laid est martyrisé par des hommes, par des enfants et à la fin épargné par un âne qui se détourne pour ne pas l'écraser et Victor Hugo de conclure:

"trait d'union ineffable et suprême
Qui joint dans l'ombre, hélas, si lugubre souvent
Le grand ignorant, l'âne, à Dieu le grand savant."


L'auteur aurait pu citer aussi Francis Jammes et son amour des ânes et le poème de Paul Fort mis en chanson par Brassens : La mort du petit cheval!

De Francis Jammes elle cite le poème poignant de cette chienne qui vient de mettre bas et à qui on enlève ses petits pour les noyer

"Il les jettera à l'eau
et on entendra alors
La chienne qui n'a pas d'âme
pleurer comme une femme"

                                             



Et voilà le poète qui dans sa clairvoyance fait justice de la théorie imbécile de Descartes sur l'animal machine! Oui les animaux ont une âme si nous en avons une car il n'y a entre eux et nous pas de différence de nature mais simplement de degré

Il  y a aussi des poèmes sur l'abattage des bêtes ce grand problème à l'ordre du jour de nos sociétés

Au total un livre à lire et qui m'a conforté dans mon amour des bêtes. Et pour répondre a ceux qui disent "penser aux hommes d'abord" je les renvoie à lire Marguerite Yourcenar qui a bien montré qu'être indifférent à la souffrance animale prédispose a être indifférent à la souffrance humaine. On pourra lire aussi cet article sur nos comportements à l'égard des animaux.

1 commentaire:

gladys a dit…

Non non je n'achèterai pas ce livre, je serai incapable de le lire... vos extraits me suffisent... pour ruminer...